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3 juin 2012

David Calvo et Fabrice Colin, Sunk, 2005

 

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Sunk est une île confrontée à un sérieux problème qui divise non sans absurdité la population ; est-ce l’île qui coule ou bien la mer qui monte ? Deux frères décident de tenter leur chance et d’escalader cette terre en s’alliant à une équipe de bras cassé ; un nain increvable, un homme caché sous son armure persuadé de n’être fait que de ferraille, une lance plus (af-)futée que son propriétaire, un intellectuel qui la ramène toujours, un schizophrène avec deux personnalités identiques et… une taupe.

On plonge alors, à travers les différents points de vues des deux frères, dans cette aventure des plus grotesque. Tous les ingrédients de la parodie de fantasy sont réunis ; une quête sans issue, des personnages et créatures imaginaires victimes de caricature, et des héros qui n’en sont pas. L’un, le plus vieux et coriace des frères, Arnaud, est le meneur de groupe malgré son humeur massacrante et son manque de compassion. Sans aucune pitié envers l’être humain, celui-ci finit par se tourner vers le grand et ô puissant roi des canards. Car oui, les canards ont un rôle capital à jouer dans la survie de ce monde. Sébastien est quant à lui peureux et un brin naïf, prêt à tout pour suivre son frère qui lui décerne officiellement la fonction de magicien de l’équipe malgré son manque flagrant de pouvoirs magiques. Ces personnages peu sympathiques sont surveillés par le Sémaphore, protégé  de la catastrophe du haut de sa tour... mais pour combien de temps ? Il n’a de raison de vivre que pour la confection de sa pizza parsemée d’olives noires. 

Ce récit burlesque s’accompagne d’une écriture grossière mais justement dosée. L’humour noir se révèle être très noir, parfois peut être excessivement. Le lecteur, bien que plongé dans cette histoire sans queue ni tête, reste passif face à l’action et éloigné des personnages. Mais l’évolution pertinente de ce petit roman aura raison de cette distance, tout à fait justifiée. Les derniers chapitres donnent alors un nouveau sens à l’histoire lui faisant prendre une tournure inattendue, où le lecteur est directement confronté à l’homme et ses croyances. 

Les dessins loufoques d’Arnaud Cremet s’allient parfaitement à la teneur du texte. Sur les pages de couverture, on souligne la référence aux visions connues de l’Apocalypse. Les images que l’on découvre avec amusement tout le long du récit apparaissent comme des curiosités en accord total avec le reste de l’œuvre, formant ainsi un tout cohérent. 

Peut être que l’image de ce monde qui coule est le reflet de notre propre société mais … vous reprendriez bien du Picon bière ?

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