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10 juin 2012

Haruki Murakami, La fin des temps, 1985

murakami

Deux narrateurs, deux mondes, qui semblent à des années lumières l'un de l'autre. Ces deux visions sont alternées par des chapitres bien distincts dont l'un porte le titre principal de "Pays des merveilles sans merci", l'autre "Fin du monde". Dans le premier évoqué, le narrateur est un brillant informaticien engagé par un loufoque scientifique pour une mission secrète de codage mental. Cette mission à première vue ordinaire va entraîner le personnage au coeur d'une guerre informatique sans précédent. Dans l'autre monde, le protagoniste débarque dans une ville des plus étranges. Sans souvenir de son ancienne vie, il doit abandonner son ombre et devenir le nouveau liseur de rêve. Cette cité, clôturée d'un mur infranchissable, est peuplée de merveilleuses licornes et d'hommes et de femmes sans coeurs. 

Ce système de double narration empêche la monotonie de s'installer et amène le lecteur à s'interroger : s'agit-il là au final d'un même et seul narrateur ? S'agit-il d'un voyage dans le temps ? D'un rêve ? Les deux vont-ils finir pas fusionner ? On notera également un échange intéressant entre ces deux mondes puisqu'il s'est glissé parallèlement des indices, créant des points d'attaches entre les deux histoires comme le personnage de la bibliothécaire, les crânes de licornes ou encore les références musicales et instruments de musiques.

Le passage entre le réel et l'imaginaire peut vite basculer et surprendre, notamment dans le Pays des merveilles sans merci. Murakami a une approche très réaliste du personnage principal, plutôt banal, en apparence du moins. Un informaticien menant une vie solitaire comme tant d'autres, écoutant de la musique pop occidentale, se livrant à la littérature classique française et russe, noyant sa vie terne dans le whisky... Cependant l'auteur vient renverser cette réalité par des péripéties fantastiques comme le contrôle du son, parfois même de manière inconcevable et saugrenue. 

L'auteur joue avec succès entre les différents genres, rendant ce style tout à fait unique et surprenant. On retrouve aussi bien du suspens, avec le parallèle entre les deux mondes, le sort livré aux narrateurs, que de l'épouvante dans les profondeurs des égouts habités par des créatures répugnantes. Il utilise aussi un humour subtile, dans les réflexions personnelles du narrateur, très souvent coupées et mises en valeur par l'intervention d'un autre personnage. L'érotisme trouve également sa place aux côtés de l'une des figures féminines qu'incarne la petite fille du chercheur, employeur de notre informaticien. L'auteur semble prendre un malin plaisir à évoquer encore et encore les formes généreuses et pulpeuses de la jeune fille toute aussi complice de ce petit jeu provocant. Enfin, on retient l'onirisme, présent en grande partie dans le monde de la Fin du temps. Le lecteur plonge alors dans une certaine quiétude, un détachement matériel. Dans cet effet de pesanteur, il rencontre le repos éternel aux côté d'animaux sages que sont les licornes et la douceur de la neige. 

Une oeuvre moderne, qui ferait rougir tout cinéaste contemporain de sciences fictions... Et pourtant, on retrouve, ce qui fait tout le charme de la littérature japonaise ; cette impression de flottement et de séreinité inviolable. 

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