Jean-Yves Ferri, Manu Larcenet, Le retour à la terre, 2003 à 2008

Imaginez un petit banlieusard, sa femme et son chat débarquer dans un des villages français les plus reculés de la civilisation dite "moderne"... Et bien c'est ce que le scénariste Jean-Yves Ferri et son ami le dessinateur Manu Larcenet tentent de nous montrer dans cette série Le retour à la terre. Le héros, Manu Larssinet n'est autre que l'incarnation de l'illustrateur, où les quelques mises en abîmes ne finiront pas de nous faire rire. 

La bande dessinée s'organise en de petites histoires courtes, des gags d'une demi-page seulement, donc rapides et heureusement pour le lecteur, efficaces. Ces courts métrages suivent cependant une trame, celle de la construction d'une nouvelle vie aux Ravenelles, un nouveau départ où les projets, peu à peu prennent vies. La femme du héro, Mariette, se voit bien reprendre ses étude et agrandir la famille tandis que Manu, encore un poil immature, ne rêve que de potager et de festivités... 

Ce nouveau cocon se voit évoluer aux côtés de personnages tout aussi attachants et hilarants comme Speed, le chat dépressif ne répondant que par des "grnx", Monsieur Henri le propriétaire omniprésent mais muet comme une carpe, l'effarante et éternelle Mme Mortemond, l'épicier révolutionnaire ou encore l'hallucinant ermite prenant peu à peu le rôle de conseiller auprès de Manu.

C'est un véritable choc des cultures que nous dépeignent là les auteurs. Il s'agit d'un portrait type de cette nouvelle vague d'urbains qui se laisse tenter par la vie à la campagne. Les "néoruraux" doivent se confronter à une vie pour le moins différente ; oublier le périph' et ses habitudes urbaines pour se heurter à "la vraie vie"... un véritable sevrage aux débuts difficiles pour ces non habitués au patois et à l'alcool locale.

Cette série, à la fois drôle et touchante, est le fruit d'un travail entre deux amis, et cela se ressent tant le dessin et l'écriture apparaissent en parfait harmonie. Néanmoins, au fil des tomes, notamment avec le dernier paru (Les révolutions, Tome 5, 2008), le lecteur se lasse un peu de certains sketchs vus et revus. On attend avec impatience une suite... plus rafraichissante !