Alan Moore, Dave Gibbons, Watchmen, 1887-1988

Les anciens héros disparaissent les uns après les autres, mystérieusement. Eddie Blake est retrouvé assassiné. Son identité secrète le fait passer pour un homme proche de personnes influentes. Mais il s’agit en réalité du Comédien comme nous le révèle Rorschach ancien justicier lui aussi. Ce dernier y lit un complot contre les super héros à la retraite et décide de prévenir tous ses anciens collègues ; Le Hiboux, un peu tassé par les années et cachant son ancienne base dans son propre sous-sols, Dr Manhattan, héro au supers pouvoirs suite à une mauvaise manipulation nucléaire, Le Spectre Soyeux II fille de la légendaire Spectre Soyeux et actuellement petite amie du Dr et Ozymandias aussi de la nouvelle génération devenu aujourd’hui un homme riche et influent.

L’intrigue se situe dans un monde parallèle, dans un contexte de guerre froide où Nixon maintient son titre de président des Etats-Unis grâce au pouvoir de Dr Manhattan, devenant la première menace pour tout ennemi des Amériques.

Pas besoin d’être fan de comics pour apprécier le génie d’Alan Moore. C’est ce qu’on pourrait appeler un comics d’auteur ou un roman illustré. Les onomatopées et autres effet de vitesse n’ont pas leur place, tout autant que la surpuissance des héros. C’est donc bien loin des clichés du genre et de manière sophistiquée que Moore nous propose une autre approche des super héros.  Déchus, rejetés par la populace, au cœur de scandales sexuels et autres rumeurs décadentes, ils sont donnés à voir dans toute leur humanité et faiblesses. L’image publique très clinquante des super héros est laissée pour compte, ces derniers usant parfois de l’autodérision comme pour leurs costumes. Ils s’interrogent également sur leur place dans ce monde, notamment aux côtés de la nouvelle génération aux super pouvoirs comme le DR Manhattan.

Les personnages sont complexes avec un passé à la fois personnel et commun, dévoilé au fur et à mesure de l’histoire, maintenant ainsi le lecteur dans la découverte.

Une profondeur à l’univers est donnée avec les coupures de journaux de l’époque et des passages des mémoires de super héros. Cela alimente et propose une autre perspective à Watchmen.

Encore un bon choix pour le dessinateur, comme Campbell dans From Hell, les graphismes de Dave Gibbons correspondent parfaitement à l’ambiance. Le coloriste John Higgins participe lui aussi à l’atmosphère de Watchmen, usant des couleurs flashy propre aux comics.

Alan Moore nous emmène ici encore dans un univers propre à son talent, intelligemment maîtrisé. Un grand homme de la Bande dessiné… 

Watchmen a été adapté au cinéma par Zack Snyder en 2009, proposant un intéressant casting et surtout une fin alternative apportant peut être plus de sens à l'oeuvre.